Dans la vie il n'y a pas de hasard, juste des rencontres, des signes qui nous font prendre tel ou tel chemin. Il suffit juste d'etre attentif à la vie.
Si un jour on m'avait dit , tu feras des trails, qui plus est à la réunion je n'y aurais pas cru!
Et pourtant c'est ce qui s'est passé!
Rien ne me prédestinait à une telle aventure. Peut-etre juste d'etre né à la montagne (et c'est déjà pas si mal).
Pas ou peu de sport dans l'enfance et l'adolescence, puis des rencontres, quelques révélations une fois dans la vie active: le GR corse et le GR pyréneen , l'inscription au Club Alpin Francais et la découverte de l'alpinisme, de l'escalade, l'ascension du Mont-Blanc en 2006, la découverte du ski de rando et l'assau d'autres 4000 en Suisse....Une mise au sport et à la montagne, de facon progressive mais de plus en plus passionnée.
En 2006 un défi m'est lancé, une course à domicile, la CCC. C'est ce qui pour la première fois m'a motivé à courir, car jusque là le footing ou courir pour courir quel est l'intéret?
9 mois pour préparer cette course, ma première inscription dans un club d'athlétisme, mes premiers tours de piste, mes premières séances de fractionné en cote, ma première course de 30kms dans le sud de la France...
Il m'aura fallut 21h pour en découdre avec les 86kms de cette CCC 2007. Quelle sensation énorme de se dire qu'on est allé seule au bout d'un si long périple, seul objectif que l'on s'était fixé au départ. Quelle force ensuite pour la vie de tous les jours dans l'affront de ses petits soucis quotidiens.
Le virus de la course en montagne m'avait frappé pour ne plus me quitter.
Objectif 2008: CCC mais le destin, ou ce qu'on voudra, en a décidé autrement! Recalée à l'inscription!!! Trop de succès pour cette course.
Puisque le Tour du Mont-Blanc ne veut pas de moi alors ce sera le semi-raid et quelques jours de vacances à la Réunion.
Octobre 2008: Aterissage à la réunion 2 jours avant la course, juste le temps de récupérer les dossards, de fignoler le sac et c'est parti.
Encore une fois un seul objectif, finir la course dans les temps et en prendre plein les yeux et plein l'appareil photo! Au final ce sera plus de 100 clichés mais aussi le stress d'etre stoppé à tout instant pdt les 16h30 de course. Mais quelle joie immense d'avoir pu passer enfin la ligne d'arrivée.
Ensuite le bonheur se poursuivra avec la découverte de l'ile: la population, le volcan, le canyoning, le parapente, la plongée,... et l'envie de revenir m'y installer.
6mois en métropole pour préparer au mieux mon retour.
Mai 2009: nouveau départ, je pose mes valises à St Pierre. 1 mois sans travail, du temps pour courir et s'inscrire au semi-raid en tant que résidente! Puis un travail sur St Denis, la découverte du sentier Mercure et de la Roche écrite comme terrain de jeu, une prise de contact avec Déniv, mes premières courses sur l'ile me faisant accéder pour la première fois et à mon plus grand étonnement à des podiums...seul hic, des problèmes de crampes et des problèmes digestifs récurrents pdt les courses! Quelques petits réglages à faire au niveau de l'alimentation et de l'hydratation.
Octobre 2009, enfin l'échéance arrive. Cette année fini les photos, fini l'objectif de le finir. Faire mieux! Pourquoi pas mettre le meme temps que l'an passé avec la rallonge que l'on connait? Mais après mure réflexion, ca parait exagéré. Si je peux arriver avant que le carosse de cendrillon ne se transforme en citrouille, soit 18h de course ce serait génial. Je me rends compte que c'est la première fois que je vais faire 2 fois la meme course! (meme si les distances ont changé)
24 octobre 2009 (40è anniversaire de ma soeur ainée), 6h: le coup d'envoi est enfin donné. Comment trouver l'équilibre entre partir vite pour essayer de shunter un peu le bouchon de la montée du taibit mais ne pas se retrouver dans le rouge tt de suite? Je trottine dès que c'est possible pour dépasser un maximum de coureurs. 45min et c'est la montée au Taibit, le rythme me convient mais après 1h15 de course je commence à resentir les prémices de crampes et je commence à appréhender la suite. Je rallenti un peu la cadence, je bois pas mal.
Arrivée à Marla , l'équipe déniv 2 est au complet, cela aurait mérité une photo et ca fait du bien de voir ce beau tableau !!
Et ca repart, mais les crampes ne sont pas loin, je m'étire à la rivière , je mange des oranges comme me le conseille Sylvie, puis je repars avec elle et Christelle, Marie-Thé et Christiane se sont envolées.
Ensuite, vu ma mémoire de poisson rouge je ne sais plus à quel moment je décide de quitter mes boosters mais ca a été la plus judicieuse décision de cette course! Je me sens mieux et laisse Sylvie et Christelle derrière moi profitant de ce répi que je crois passagé.
Il fait très chaud dans cette partie de course, j'humidifie ma casquette et bois autant que possible,j' en viens presque à espérer que les nuages entachent le ciel bleu. Arrivée à Roche plate, je me restaure un peu, une coureuse fait un malaise et tombe à terre, ca fait froid dans le dos. 1/3 de course est passé mais je ne m'attarde pas.
Enfin la descente vers Grand place et je me sens pousser des ailes, me faisant plaisir dans cette descente d'autant plus que j'apercois mes amis de métropole en vacances chez moi depuis la veille. Je demande ma place au classement: 372è, je suis plus que satisfaite. Le temps de remplir le camel, de manger et boire un peu et c'est reparti de plus belle.
J'adore ce passage dans Mafate et surtout ilet à bourse, c'est magnifique. Et puis j'arrive à la rivière ou je plonge mes pieds dans l'eau froide, quel bonheur, je remets un peu de crème et change de chaussette avant d'affronter la montée. A Aurère, j'apercois Christiane, je me restaure un peu mais ne m'attarde pas.
Je demande à nouveau mon classement 305è, c'est génial je progresse encore!
Avant de commencer cette longue descente vers la rivière des galets, j'apercois un visage qui ne m'est pas inconnu. Je me permets de l'aborder et de lui demander s'il ne vient pas de Sallanches comme moi. Et si, il s'agit bien d'un ami d'enfance, du collège, Laurent, installé à la réunion depuis 3ans et qui participe cette année au semi-raid.
Les retrouvailles alimentent une conversation qui durera jusqu'à 2 bras me faisant presque oublié qu'il s'agit d'une course, me rendant meme ce passage monotone très agréable et je l'en remercie.
A deux bras, je décide de prendre soin de mes pieds. Je les plonge dans un bouillon de culture, mais peu importe cela fait tellement de bien! Et cerise sur le gateau les militaires nous amènent à boire pdt ce bain de pied. Je sors ma frontale en prévision, le temps ensuite de manger un peu et je repars, laissant Laurent à ce poste .
Ca devient un jeu pour moi que de demander ma place: 249è à la sortie de Deux bras, incroyable! Si je maintiens cette position ca sera formidable, d'autant que ca va bien finir par s'arreter, je ne vais pas continuer de prendre des places comme ca jusqu'à la fin, alors profitons-en !
Vient la montée de dos d'ane, la fameuse... un peu seule au monde ...un petit coup au moral avec l'impression que les jambes ne st plus là. Et puis, ca ne dure pas, un groupe de coureur en visu avec parmi eux, un dénivien, Michael! Je n'ai jamais été aussi contente de le voir, ca me remotive , je le dépasse, et c'est reparti de plus belle. Ah le mental....
Et enfin le bambou puis la route et les applaudissements qui font chaud au coeur et là encore un visage familier, une copine, collègue de boulot. Merci Peggy!
Prochain but le stade, sur le chemin je tape la causette avec un coureur , en vacances chez sa nièce... j'entends des allez Déniv et puis encore des encouragements chaleureux d'inconnus. La nuit tombe sur Dos d'ane...
Je repars sous le ciel étoilé, petite vérification de la couverture de survie et c'est reparti pour cette montée du piton batard. Et puis c'est la descente, là encore je me fais plaisir malgré le sol glissant et je multiplie les dépassements de coureurs. Je ne cours pas je vole!
Kiosque d'affouches, petit ravitaillement et ca repart tranquilou sur la RF. Ensuite les fameux goyaviers tant redoutés, mais avec la super lampe qu'on m'a preté (merci Seb) c'est beaucoup plus confortable et je fais des envieux avec ce phare comme lampe frontale (il faut bien mettre toutes les chances de son coté...).
Colorado: 202è, j'en reviens pas! C génial! Les jambes st encore là, je n'ai plus souffert de crampes et pas connu de troubles digestifs de tte la course! Cette descente sur le stade, vécu comme l'enfer l'an dernier se passe sereinement. Seul ombre au tableau, j'ai été un peu gourmande sur la position de la lampe et elle montre quelques signes de faiblesse... va-t elle tenir jusqu'au bout? Elle le doit!
Je suis contrainte de rallentir un peu et de suivre les autres coureurs, et me laisse dépasser par une coureuse que je venais de doubler (certainement de la meme catégorie que moi...mais tanpis).
Ouf bientot les lampadaires, plus besoin de lampe.
Dernière ligne droite, portée par les applaudissements.
Dernier virage, j'entends mon prénom, merci Hélène et Katell.
Entrée sur le stade, la médaille, 17h15 de course, 200ème. C'est énorme!!!
Je n'ai, je crois, jamais pris autant de plaisir sur une course!! Quand on me dit tu dois aimer te faire mal pour faire ca... Et bien c'est tout le contraire, quel bonheur de faire ce genre d'effort sans souffrir, récompense d'un entrainement parfois difficile justement.
La morale de cette histoire c'est que tout le monde peut espérer un jour faire une telle course, meme s'il n'a jamais fait de sport de sa vie.
Se fixer un objectif, travailler pour, etre patient et un jour les efforts sont récompensés. Alors à tout ceux qui y pensent, rien est impossible dans la vie, il suffit de le vouloir!
Une traileuse comblée. Steph.
PS je remercie aussi le couple que j'ai croisé sur les chemins et qui m'a beaucoup encouragé, grace aux couleurs de Déniv!
Sujet: Mon parcours ou comment en venir au semi-raid.... 
Sam 7 Nov - 23:13
