Déniv
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

Déniv

Entraînement à la course de montagne à La Réunion
 
AccueilS'enregistrerDernières imagesRechercherConnexion
Le Deal du moment : -17%
Casque de réalité virtuelle Meta Quest 2 ...
Voir le deal
249.99 €

 

 Randonnée de fin de semaine (GR 2009)

Aller en bas 
2 participants
AuteurMessage
JF Ollivier-Lamarque

JF Ollivier-Lamarque


Nombre de messages : 2
Age : 64
Localisation : La Montagne
Groupe Déniv' : Orange
Date d'inscription : 06/09/2008

Randonnée de fin de semaine (GR 2009) Empty
MessageSujet: Randonnée de fin de semaine (GR 2009)   Randonnée de fin de semaine (GR 2009) Icon_minitimeMer 4 Nov - 11:28

PREPARATIFS
L’année de mes 50 ans sera une année Grand Raid ! Une fois dit, il n’y a plus qu’à faire. Depuis un an je m’entraîne assidûment et je me sens prêt. L’objectif avoué est de faire entre 33 et 35 heures, ce qui constituerait compte tenu du parcours ma meilleure perf. Au menu 147.8 km et 9 184 m de dénivelé. Pour atteindre cet objectif je me concocte un planning inspiré de raiders ayant effectué ce même parcours en 33, 34, 35 et 36h. Je mélange le tout, tiens compte de l’age du capitaine et obtiens : Volcan : 5h30 ; Mare à Boue : 8h ; gîte : 11h ; sortie Cilaos : 13h15 ; Marla : 16h45 ; Roche Plate : 20h ; Gd Place : 23h ; Aurère 1h30 ; sortie 2 Bras : 3h45 ; Dos d’Ane 5h45 et arrivée à 9h45, soit 33h45 de course. 2 arrêts de 30’ sont prévus à Cilaos et 2 Bras. Voila 3 semaines que mon corps est sevré de longues sorties et lors de footings d’entretien je le sens demandeur d’efforts. C’est aussi la première fois que je prends le départ sans blessure à l’exception d’une ampoule contractée lors d’un footing de 30 mn le dimanche précédent le départ (un comble après plusieurs centaines de km d’entraînement et de courses!) Tout est prêt sur le papier ; reste à jouer la partition…Nous passons l’après midi avec Fabienne dans un hôtel à 2 km du départ. Je somnole aidé par un somnifère. A 22h30 nous nous dirigeons sous la pluie vers la ligne. Un dernier bisou, un dernier salut à 2 ou 3 copains, je m’en vais pointer et disparais dans l’aire des coureurs.
MISE EN JAMBE
Le départ est donné à 0h sous une pluie battante, mais les organisateurs nous assurent que le temps s’assèchera au fur et à mesure que nous monterons vers le volcan. Le parcours nous fait passer devant l’hôtel où nous logions. Je cherche la voiture mais ne la vois pas. J’apprendrai plus tard que Fabienne est restée coincée sous la pluie en attendant que nous partions ! Au bout d’une heure environ la pluie cesse enfin mais le mal est fait : nous sommes trempés. La température baisse avec l’altitude et tombe à 5° en arrivant au volcan. Malgré les gants les mains sont gelées, les pieds gourds. Le spectacle du lever de soleil sur l’océan est toujours un émerveillement. Après une brève soupe chaude au premier ravitaillement, je repars d’un pas léger (si-si). Je sens les bénéfices de l’entraînement : lors des éditions précédentes, je repartais déjà un peu entamé. Là j’ai juste pris le temps de chauffer le diesel.
Il est 5h30 et je suis pil poil dans mon plan de course. Le fait que je sois 300ème au volcan montre que la course est partie vite. La descente vers la plaine se fait sans encombre. Je me fais un peu doubler mais je ne m’en émeus pas ; la route est encore longue. Devant moi la plaine des Caffres surmontée par sa Majesté le Piton des Neiges. Peu avant le pointage de Mare à Boue halte technique auprès de Jean-Pierre qui m’attend pour panser l’ampoule récalcitrante et changer de chaussettes et de maillot.
J’attaque la montée vers le gîte du Piton des Neiges. Les conditions sont magnifiques ; ce sentier souvent détrempé est sec. Je retrouve Jean-Elie, notre jardinier et copain raider et montons ensemble. Ceux qui sont partis trop vite commencent à marquer le pas. Dans cette partie pourtant réputée difficile, je prends un vrai plaisir. J’ai souvent en ligne de mire un groupe de coureurs. Au début de la montée les écarts restent stables mais je connais déjà le scénario. Je sais que je suis dans mon élément et qu’avant une heure de temps ils vont ralentir. Alors insensiblement je me rapprocherai d’eux, emboîterai leur pas, leur ferai « sentir mon souffle rauque sur leurs reins », ils résisteront qques temps, puis d’un « merci » qui ne leur laissera pas le choix je leur demanderai de me laisser passer, et enfin l’écart se creusera beaucoup plus vite qu’il ne s’était comblé. Sur le parcours qques descentes abruptes s’offrent à nous. Là je ne suis plus à mon aise. Pourtant je piaffe derrière un petit groupe, preuve que mes jambes sont encore bien souples. Peu avant la descente vers Mare à Joseph je passe Ghyslaine Ribotte stoppée par des crampes. Peu de temps après c’est à mon tour d’être saisi derrière les cuisses. Je m’étire immédiatement ; elles disparaissent aussitôt et ne reviendront plus jamais de toute la course. A près de 2500 m d'altitude, on sent que l'air se fait plus rare. A 11h10 j’arrive au gîte, toujours dans le timing. De 304 au volcan, je suis passé 231 et je me sens vraiment bien. Une féminine est avec nous à l’arrêt au stand, mais elle est déjà bien entamée. Alors que certains saluent sa performance, je persifle « si l’arrivée se jugeait au Piton des Neiges, ça se saurait ». Oui, je suis un mufle.
Puis c’est la descente vers Cilaos. Ti lamp ti lamp dans la rocaille du début car il n’est pas question de s’abîmer une cheville. Les straps de Jérôme mon kiné me rassurent. Jean-Elie me passe comme un cabris. J’accélère au fur et à mesure que je prends confiance et que le terrain s’assouplit. Je suis incité en cela par un coureur qui me double et auquel je m’accroche sans difficulté. Il me laissera passer ensuite. J’aime cette descente. Pas trop technique, je peux allonger la foulée. Les pointes de pieds effleurent doucement le sol et ça déroule tout seul. Juste penser à lever les genoux pour ne pas accrocher une racine ou un galet. Je double qques coureurs. Deviendrais-je un descendeur ? En fait c’est comme le ski : sur les pistes bleus, tous les skieurs semblent bons ! Je m’amuse du regard des touristes qui nous encouragent, accrochés à leurs bâtons fichés dans le sol, en se demandant comment nous faisons ! Arrivé en bas, il ne reste plus que 2km de bitume vite avalés et me voilà à 12h30 dans le stade de Cilaos avec 15mn d’avance sur le timing et 216ème.
Sur le stade Richard m'attend. A peine arrivé, il m'enlève sac et T-shirt, m'enfile un T-shirt sec, me couvre d'un K-way doublé puis m'invite à m'asseoir sur un pliant. Je n'ai rien à faire sinon manger les pâtes aux lardons que Richard me tend. Pendant ce temps, on s'affaire autour de moi : changement de chaussures, transfert des semelles, nouvelles chaussettes, piles dans les lampes, recharge du camel bag en eau et aliments. Je suis dans ma bulle tout à ma course. Bernard passe "super JF, continue comme ça et tu finis dans les 150; les V2, c'est comme le bon vin, ça s'améliore en vieillissant!" Le temps que Ketty nous prenne en photo et me voilà reparti. 40 mn d'arrêt au lieu des 30 prévues et quelques places de perdues mais toujours une petite avance sur le timing. En sortant du stade je retrouve Jean Elie qui me lance "tu es tout neuf!" Je me sens bien, rien à voir avec mes raids précédants où je repartais de Cilaos déjà fatigué. Jusqu'à présent ce n'était qu'une mise en jambe; c'est maintenant que commence le GRAND RAID.
LE GRAND RAID
Je repars tranquillement en grignotant un gâteau énergétique et entame la descente vers Cascade Bras Rouge. Cette partie illustre bien la futilité de l'épreuve. Par beau temps on voit le clocher de Cilaos de plus en plus haut au dessus de nous. Le parcours nous fait descendre tout au fond de la ravine, puis il nous faudra remonter au même niveau que l'église pour rejoindre le bas du sentier du col du Taïbit. Il y a 3 ans j'avais un peu craqué dans cette partie. Cette année tout va bien. De toute façon il fait gris et je ne risque pas de voir le clocher. Le Taïbit, c'est depuis le fond de la ravine, 1300 m de dénivelé qui nous attendent. A mi hauteur il se met à fariner à nouveau. J'enfile le coupe-vent. Un tisanier nous propose de la tisane chaude. Ca fait du bien d'autant que je commence à avoir des nausées. Je retrouve Jean-Elie qui sirote lui aussi sa tisane. L'arrivée au col se fait sans encombre ; Mafate et son paysage chaotique s’étale sous mes pieds dans le soleil.
Le beau temps est devant et ça me donne du baume au cœur ; descente vers Marla dans la quelle Jean Elie me passe à nouveau. J'apprécie les marches qui ont été taillées dans la partie la plus pentue. Arrivé à Marla, je m'assied 5 mn. Dans mon estomac, c'est plutôt Beyrouth! L'effort? La pluie puis le froid de la montée du volcan? Les lardons de Cilaos? Le temps humide et frais? Un petit bonjour au Doc Leroy déjà en train de dispenser des soins, une petite tape à Jean-Elie qui n'a pas l'air au mieux et en route vers 3 Roches. En chemin je retrouve Gino qui me fait part de ses soucis gastriques aussi. Nous cheminons de concert puis je le distance doucement. Je modère l’effort pour rester à la limite de la nausée. S’alimenter devient problématique. La moindre bouchée remonte à la gorge. Mais je me force. Je mets parfois une 1/2h pour grignoter une barre. Je prends une toute petite bouchée, une bonne gorgée d’eau, malaxe le tout longuement pour n’en faire plus qu’une bouillie puis avale. Je renonce à mettre de la poudre énergétique dans la poche à eau. Ainsi ça passe mieux.
Passage du gîte Gravina qui me rappelle une randonnée en famille sous une pluie tropicale de janvier, la Plaine aux Sables toujours aussi incongrue dans ce paysage, puis 3 Roches et son cadre merveilleux. Le coucher du soleil n’est pas loin. Un campeur profite des derniers rayons pour lire ou écrire adossé à un rocher non loin du sentier. La rivière gargouille. Je lui lance alors que je trottine « on n’est pas bien là ? » J’obtiens un soupir béat en guise de réponse. Nul doute que la beauté du site permet de se transcender. Je passe le gué de 3 Roches, laisse Gino qui m'avait repassé dans une descente en train de se faire masser et entame la montée vers Roche Plate.
LE COMBAT
Le vrai combat commence là. La fatigue vient se mêler à mon état nauséeux. Il faut tenir; ne pas céder à la tentation de s'asseoir au bord du chemin. Je m'étais préparé à ces moments inévitables. Penser à Fabienne et aux enfants qui m'ont supporté pendant mes entraînements, aux levers à 3 heures du matin pour aller courir dans la montagne, aux tours de pistes, aux séances de côte, à Eric, le coach. Si j'ai fait tout ça, ce n'est pas pour m'asseoir. Et puis il y a les copains qui me suivent via internet et m'envoient des textos sur le thème "super, ne lâche rien". Je ne les remercierai jamais assez. Ces messages m’ont vraiment porté. Alors je ne lâche rien. Je mets le cerveau sur "off" et je mords dedans. Je sais d'expérience que tôt ou tard ça ira mieux alors il faut tenir, tenir...
Malgré tout je prends de l'avance sur le timing et arrive à Roche Plate à 19h15, avec 45 mn d'avance et 65 places de remontées depuis Cilaos. Les 10 à 20 places grappillées à chaque pointage font du bien au moral. Je quitte Roche Plate doucement car je sais que dans une heure je vais affronter la Roche Ancrée. En marchant, je fais l'état des lieux. Il faut que je me repose. Franchir la ligne d'arrivée et m'allonger devient une obsession. Eric m’avait raconté que lors de son raid victorieux Delebarre s’était arrêté pour dormir 15mn. Il y a une idée à creuser. J'avais prévu de marquer une pause à 2 Bras; je commence à envisager de le faire à Grand Place. Me voilà proche de la Roche Ancrée et ses 500 m de dénivelé sur moins de 2 km. Le raidillon qui la précède me rassure : les jambes sont encore là. Elle est avalée d'un trait en 45 mn. J'arrive à Grand Place à 21h56, soit 1 heure d'avance sur le timing et dans le top 150! Je retrouve Philippe qui passait là la nuit avec des amis, j'avise un lit picot, une couverture et 2 masseuses en train de "finir" un coureur.
La décision est prise : je m'allonge immédiatement et attend mon tour pour le massage. Les masseuses connaissent leur affaire. Chacune se saisit d'une jambe et officie avec énergie; ce n'est pas du massage papouille. Après le massage je reste allongé une dizaine de minute, la nausée toujours présente. Philippe me surveille et s'occupe de recharger mon sac. Puis je me lève, Philippe m'assure que j'ai dormi qques minutes, et je repars comme un automate en grelottant sous les encouragements de Philippe "ne lâche rien!" L'arrêt aura duré 30 mn exactement..
LE GRAAL
Pendant les minutes qui suivent le départ, je me réchauffe, puis je sens que je vais mieux et même beaucoup mieux. Les jambes sont souples et répondent sans broncher aux sollicitations. A partir de ce moment j’atteins le graal du raider. J'ai déjà plus de 100 km et 7000 m de dénivelé dans les jambes et je me sens frais, l'impression merveilleuse que rien ne peut plus m’arrêter. Je me prends à rêver que l'orage est définitivement passé et me vois déjà déboulant vers la Redoute! Je profite pleinement de ces moments de pur bonheur et file dans la nuit mafataise. Ilet à Bourse, Ilet à Malheur et dernier coup de rein pour atteindre Aurère avec une place de mieux qu'à Gd Place. Mon arrêt ne m'a donc rien coûté! Le temps d'avaler qques tartines de confiture et c'est la descente vers 2 Bras où j'arrive à 2h30 et 45mn d'avance sur le timing. Je retrouve François Gablain, mon podologue. Les pieds sont impec. Couche de pédirelax, changement de chaussette, 2 ou 3 bouchées de riz-lentille et en avant pour Dos d'Ane et ses 1 300 m de dénivelé jusqu’à la crête. Je suis 133ème avec 55 mn d'avance sur le timing! A Dos d'Ane je coupe le filet de mon short car j'ai les c... en feu; ça ne change rien. Jusqu'à l'arrivée chaque pas me rappellera que j'ai un poids mort entre les jambes! 121 ème à Dos d'Ane sera mon meilleur classement.
FINIR
A la croix géodésique, je retrouve Fabienne qui est venue à ma rencontre. Quel plaisir de la voir toute fraîche ! Il est 6h15 et elle a quitté la maison vers 3h! La descente vers La Redoute sera laborieuse. Envolés mes rêves de finish de folie. Après piton Batard que je monte 2 fois plus lentement qu'à l'entraînement je fais une hypoglycémie. Le pouls est faible. Je m'allonge et Fabienne me tient les jambes en l'air pendant 10 petites mn. Je repars en mangeant du sucre. Au Colorado ça revient un peu. La descente de la Redoute que je déteste se fait cahin caha. Mes grandes cannes qui me sont si utiles dans les montées s'empêtrent dans les rochers de cette descente. Je pense à l'albatros de Baudelaire. Ce final me coûte cher; je perds en 3 heures toute l’avance prise et même plus. Je me voyais trop beau dans Mafate et dans la montée de Dos d’âne et j’ai négligé l’alimentation. La facture ne s’est pas fait attendre.
Enfin la ligne... 34h11; 138ème sur 2 700 inscrits et 18ème V2 sur plus de 400; je ne pouvais rêver mieux. Autre grande satisfaction : je n’ai pas la moindre blessure. Cela m’a permis de donner tout ce que je pouvais et peut-être plus encore…
Je m'assied. Heureux d'être là avec les copains qui m'attendent, Fabienne et Alizée qui me rejoignent. Les sentiments sont toujours mitigés. Heureux d'être arrivé mais déjà nostalgique de ces moments en dehors du temps. La bulle est crevée, il faut redescendre sur terre. L'atterrissage se fait en douceur : une dodo fraîche, douche, massage pendant lequel je m'endors, manger. Dans ces moments on a envie de tout. Je rêve de la rondelle de saucisson et du rouge qui m'attendent à la maison.
Deux jours après, les courbatures ont disparu, et aucune douleur ne se fait sentir aux articulations. Jamais Grand Raid ne m’aura laissé aucune séquelle apparente. Merci à Eric pour ses conseils. Reste à récupérer les 3 kgs perdus (je me demande bien où ils se cachaient !) et retrouver la sensibilité dans les pieds.
T’as raison Bernard : Les V2 c’est comme le bon vin…
Revenir en haut Aller en bas
Père Noël

Père Noël


Nombre de messages : 7
Age : 47
Localisation : St-Denis
Groupe Déniv' : Orange
Date d'inscription : 14/11/2009

Randonnée de fin de semaine (GR 2009) Empty
MessageSujet: Re: Randonnée de fin de semaine (GR 2009)   Randonnée de fin de semaine (GR 2009) Icon_minitimeSam 14 Nov - 22:01

t'es trop fort... respect !!
Revenir en haut Aller en bas
 
Randonnée de fin de semaine (GR 2009)
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Déniv :: Compétitions Déniv :: Vos encouragements, vos félicitations-
Sauter vers:  
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser